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Retour à BaKa via Léo. Au passage, j’y ai déposé à l’intention du Colonel d’Aviation Bouzin, mon plan d’organisation d’un “Groupement U Def”.

Je n’attends pas de réponse immédiate, aussi je m’en vais faire un petit tour d’inspection  Stan et à Paulis.

Il y fait calme comme dans une antichambre du Vatican. Durant mon absence, la FATAC s’est installé à Bunia. Pour tous les UDA de 1960,
l’endroit évoque un mauvais souvenir. En juillet 1960, un C-119 de la F Aé venant de Bujumbura s’y est écrasé contre une colline. Ils
transportait le groupe de commandement et le 1er peloton de la 3è Escadrille (1 Lt Van Espen). Il n’y eut que sept survivant.

Roger Scarsé commande cette unité. Depuis Paulis, j’essaie en vain de le visiter. Rien à faire. Les C-47 de la FATAC, bourrés à refus, ne
prennent pas de passager. Ils sont à la limite de leur rayon d’action.

On me donne un conseil : essayer de partir de Stan ou de BaKa, pour y réserver un passage.

Le parachute de secours

Retour à BaKa via Léo en C-130. Il me faut pourtant patienter quelques jours à Stan pour y attendre un vol de C-47…dans les prochains jours.

Un soir, au bar, « Papa » Parmentier m’abords : « Tu veux aller à BaKa ? Décollage demain matin à six heures. Prends ton barda. »

Au petit matin, décollage sans problème mais l’équipage se réduit au pilote et un navigateur, sans passager ni frêt. Je m’apprête à m’allonger
sur les sangles des sièges (pas confortables !) quand « Papa » vient me chercher : « Autant voyager dans le cockpit ». Le trajet me paraît
curieux. Nous survolons Kindu puis Kongolo. A un moment, « Papa » me désigne un arbre en boule isolé sur l’horizon. « Kabongo. Il y a une
piste ».. Un simple strip. En 1961, je l’ai fait nettoyer pour des petits porteurs mais…

          - Bon, on verra. « Ils » sont amis en dessous ?

Je me souviens de mes aventures de 1961.

          - Bof…Plus ou moins.

Et presque tout de suite, c’est Kamina. Au pied levé, nous allons boire une bière au mess. « Papa » s’explique : cet avions connaissait de
gros problèmes, il fallait le ramener à BaKa pour le cas où il aurait fallu se poser ( ?) en brousse. « Papa «  essaie de se justifier, il avait
pensé à moi comme spécialiste de la survie…Une parachute de secours en somme…Je leur offre quand même à boire.

On remet ça !

A peine le temps de jeter un coup d’œil sur l’U Def de BaKa, un télégramme me convoque à Léo. Pour une fois, j’ai de la chance. Un DC-3
jusque Stan où je prends la « correspondance » pour Léo, un autre DC-3.  Il transporte un lieutenant-colonel de la F.T ;, et une douzaine de
paras de Mobutu. Un civil de la Territoriale rencontré chez Yvon à Léo, se joint à nous.

Le kaki boude dans son coin. Il n’aime pas les aviateurs. Un d’entre eux lui a piqué sa femme. Les paras tentent de dormir ; Ils ont laissé
leurs sacs et leurs FAL sans amarres au milieu de la carlingue. Rudi et moi bavardons. Nous survolons la région des Grande Lacs quand le
radio surgit : « Attachez-vous ! Turbulences ! »

Juste le temps de nous attacher et l’avion part sur l’aile droite pour un plongeon de 900 pieds, droit vers un lac.

Le pilote redresse l’engin mais quel gâchis ! Sur le flanc droit de la carlingue, je distingue un tas bruyant composé de paras, de sacs, de fusils
et d’un lieutenant-colonel.

Nous essayons de les aider mais le kaki refuse toute aide. Il doit ruminer, une fois d eplus, sa rancune envers les aviateurs…

Le navigateur m’appelle. Le radio a durement cogné ses appareils. Tous, lui compris, sont hors d’usage. Léo en vue mais pas de contact avec
la tour de contrôle.

          - Tant pis, j’atterris !

Le DC-3 se pose en causant une grosse frayeur (et nous donc !) à un Boeing qui, en bout de piste, se prépare à décoller. J’ai eu beaucoup de
chance ces derniers jours et me jure de ne plus la tenter. Du moins à brève échéance.    

Bien appris !

A Léo, je loge chez mon ami Yvon Yungbluth dans le quartier chic, à proximité des bâtiments du Gouvernement.

Chaque soir, je vais dîner chez mes amis Geerts, au centre de la ville. Un soir, au volant de la Renault Florideprêtée sur ordre de la FAC, je
tombe sur un bouchon, une cinquantaine de voitures. Ne pas être en retard chez les Geerts ! Je remonte la fille…pour déboucher devant un
sergent de la Gendarmerie de l’ANC. Je ne me donne même pas la peine de lui montrer ma carte d’identité militaire ni de lui faire un bras
d’honneur. Je le laisse sur place, la mitraillette Vigneron pendue au cou et totalement inutile devant l’accélération de la Floride ?

Philippe m’apprit que j’avais joué avec ma vie. Ces gendarmes contrôlent les automobilistes pour le plaisir et surtout pour les rançonner. Ils
tirent sur tous ceux qui ne leur obéissent pas.

Ah, bon !

Dans le brouillard.

Mon interlocuteur sera Freddy Lacroix, Bouzin est en congé en Belgique (il nous en ramènera les badges de l’U Def).

Résultat de nos entretiens. Bouzin approuve entièrement mon plan d’organisation d’un « Groupement U Def ». Pour commander ce
Groupement, je dois passer à la FAC qui me commissionnera au grade de major mais pour cela, je ne puis rester à la FATAC qui dépend de la
F Aé, donc de VS 1.

Ceux de mes sous-officiers qui voudraient me suivre devront en faire autant. Cependant, l’état-major de la F Aé ne semble guère disposé à
nous perdre sans compensation et à devoir nous remplacer à la FATAC.

Alors, que faire ?

Attendre. Peut-être choisir de retourner en Belgique pour un temps plus ou moins bref. Là, l’Assistance Technique Militaire éprouvera moins de
difficultés pour nous recruter.

                                                                                              ******

Retour à BaKa où l’U Def connaît quelques problèmes. Le départ de Roger Scarsé pour Bunia laisse un vide. Son séreux, son application, son
caractère placide faisaient de lui l’homme bien à sa place à la tête de notre base logistique et administrative.

En dépit de son dynamisme, Marc Carlier ne suffit pas à la tâche. L’état-major de la FATAC nous a détaché l’adjudant Bourgragnier, un
administratif. Il fait de son mieux.

Je me résoudre à détacher deux des « nouveaux » comme instructeurs. Autant les habituer à l’Afrique avant de les envoyer en opérations.

                                                                                                                                                                                                            © Eric Van Heuverswyn
Extraits du journal personnel du Commandant de l’Aviation August Servais
Mise en page par Eric Van Heuverswyn
LA VIE DE GARNISON